L’épidémie de Covid-19 a fait éclater au grand jour ce que la MCRN dénonce depuis longtemps: la sous-dotation chronique en moyens humains et financiers de l’hôpital public. Et la crise du système de santé. Dans le cadre du « Ségur de la Santé », une concertation avec les acteurs de santé décidée par le gouvernement, la mutuelle est force de propositions. Concernant, par exemple, l’organisation de la médecine de ville, la MCRN porte les idées de la Fédération des Mutuelles de France (FMF) à laquelle elle appartient.

Crise du système de santé

L’épidémie de Covid-19 n’est pas encore derrière nous. Et déjà la valse des fermetures de lits et d’établissements retrouve son rythme. Les vieilles « solutions » reprennent le dessus ce qui ne laisse rien présager de bon pour la suite. Pour fondamentale qu’elle soit, la crise de l’hôpital public ne constitue qu’une partie du problème de l’offre de soins. Afin que le droit à la santé soit effectif, la mutuelle MCRN et la FMF réclament « une remise à plat de l’organisation » de la médecine de premier recours ou médecine de ville. En voici les propositions détaillées.

Réorganisation de l’offre de soins

  • Définition d’une stratégie nationale pour l’accès à la médecine de premier recours. Cela passe par un schéma opposable de répartition territoriale des professionnels de santé. Par une réforme des modes de rémunération et par la poursuite de l’extinction de l’exercice isolé, déjà largement engagé par les choix des jeunes médecins eux-mêmes. 
  • Définition d’un plan de développement des Centres de santé. Leur organisation répond aux aspirations des nouvelles générations de médecins. Elle favorise les pratiques coordonnées autour du projet de santé de l’établissement. Et facilite les passerelles avec l’hôpital public et les professionnels para-médicaux. Les Centres de santé savent également accompagner les patients dans l’accès à l’ensemble des droits sociaux (Sécurité sociale, mutuelle…). Pour en savoir plus sur le centre de santé dentaire géré par la MCRN-SSAM, c’est ICI.
  • Création d’un pôle public du médicament au périmètre européen. L’accès aux médicaments doit être un droit universel. Ce sont des biens communs dont la crise de la COVID-19 a rappelé l’importance stratégique. De même, cette crise a révélé les conséquences graves de la logique marchande qui prédomine dans ce domaine. Alors même que les industries du médicament profitent largement de l’argent public (recherche, crédit d’impôts). Pour protéger les populations, la puissance publique ne peut être spectatrice. Elle doit réguler davantage et s’engager fortement dans la recherche médicale, l’approvisionnement et la production de médicaments. 
  • Développement de la démarche de prévention et d’éducation à la santé dans le parcours de soins. Il s’agit de l’inscrire de manière pérenne et systématique afin qu’elle facilite durablement le droit à la santé. 

Accès à la santé facilité

  • Généralisation du tiers payant. Aujourd’hui, le tiers-payant est limité à la pharmacie. Et dans certains cas pour les personnes en Affection de Longue Durée (ALD), les victimes d’accidents du travail ou maladies professionnelles. L’expérience des Centres de santé établit que la pratique du tiers payant est un puissant facteur d’accès à la santé. 
  • Lutte contre les dépassements d’honoraires. Ils représentent plus de 2,5 Mds d’€ de dépenses chaque année. Pour les patients, ils renchérissent le coût de l’accès à la santé. Et celui de leur complémentaire maladie lorsqu’elle les prend en charge. En outre, ils interdisent, dans les faits, l’accès à certaines spécialités. 

Promotion de nouvelles pratique médicales

  • Développement de la délégation de tâches par exemple des médecins vers les personnels para-médicaux et généralisation des assistants médicaux. Cela doit permettre de libérer du temps médical et de renforcer la pluridisciplinarité. 
  • Promotion et régulation de la télémédecine. IL s’agit d’en faire un outil supplémentaire d’accès aux soins dans une logique pluridisciplinaire et multicanale (physique, visio, téléphone…) plutôt qu’un facteur produisant une médecine à deux vitesses. La technologie seule ne peut pas être un palliatif aux déserts médicaux : la prise en charge globale des patients, la coordination des soins, la relation humaine ou encore la qualité des soins sont autant de questions auxquelles cette pratique ne saurait pleinement répondre. La téléconsultation doit être régulée par la puissance publique. Elle doit s’appuyer notamment sur des systèmes d’informations normés et protégeant fortement les données personnelles de santé. 
  • Soutien massif des pouvoirs publics au déploiement de plateaux techniques pluridisciplinaires dans les territoires afin de garantir l’accès effectif à la santé. Et de faciliter le parcours du patient dans des délais raisonnables. Cela répond à un enjeu de maillage territorial adapté aux bassins de vies.